Avant d’en venir à une description de cette œuvre d’art il est nécessaire de se pencher sur la vie de son auteur pour mieux en comprendre le contexte. Yves Klein (1928-1962) est un artiste français représentant et fondateur du Nouveau Réalisme. Yves Klein est connu pour être l’artiste du bleu saturé que l’on appelle aujourd’hui l’International Klein Blue (ou IKB). Ce IKB, marque déposée Klein était pour l’artiste l’expression la plus parfaite du bleu, un bleu suprême et immatériel qui devait « envahir le monde ». Il peignit de nombreuses toiles uniquement avec cette couleur donnant l’impression de piscines bleues. Puis peu à peu l’artiste s’est mis à explorer d’autres couleurs comme le rose et l’or. Il utilisera cette trilogie de couleurs fétiches (qui étaient pour Klein une alternative aux trois couleurs dites primaires) dans ces dernières œuvres. Il fut également l’initiateur de la peinture via des modèles vivants. Il peignait des modèles et leur demandait de presser leur corps sur la toile. Cette série est connue sous le nom d’Anthropométries.
Mais que peut bien être cette œuvre d’art qui de loin ressemble à une étrange palette de maquillage ? Il s’agit d’une offrande votive élaborée par Yves Klein en 1961, à la période ou l’artiste s’intéressait à l’exploration des « blocs de couleurs ». Cette œuvre fut dédiée à Sainte Rita, à qui il devait selon lui son succès à l’exposition de New York qui le fit connaître dans le monde entier.
De confession catholique, Yves Klein eut en dévotion Sainte Rita, dévotion qui lui fut transmise par sa tante Rose Raymond Gasperini. Yves Klein se rendit plusieurs fois à Cascia pour prier la sainte lors de moments critiques dans sa carrière. C’est ainsi en avril 1958 qu’Yves Klein réalise son premier pèlerinage au monastère de Sainte Rita à Cascia en Italie. Yves Klein fut familiarisé à Sainte Rita par l’environnement familial, dès le plus jeune âge il fut également attiré par l’idée de l’envol, du ciel et du bleu transcendant : « En 1946, j’avais 18 ans. Ce jour-là, alors que j’étais allongé sur la plage de Nice, je me mis à éprouver de la haine pour les oiseaux qui volaient de-ci de-là dans mon beau ciel bleu sans nuage, parce qu’ils essayaient de faire des traces dans la plus belle et la plus grande de mes œuvres ». C’est donc tout naturellement qu’il se passionna pour la vie de Sainte Rita à cause de son envol de la falaise de Roccaporena.
Cet ex-voto fut offert au monastère en février 1961. En effet il se rend au monastère en Ombrie avec sa femme Rotraut Uecker, et remet son ex-voto, de façon anonyme à la sœur tourière de service à la porte de clôture. Ce n’est qu’après sa mort, que l’ex-voto fut redécouvert dans les années 80. Des travaux de rénovations du monastère furent réalisés suite à un tremblement de terre et le peintre Armando Marocco, chargé de la restauration vitraux, trouva l’ex-voto. C’est ainsi qu’il fut identifié comme étant une œuvre de Klein. La redécouverte de cet ex-voto a stimulé les fans de Klein ainsi que les historiens de l’art. Cet ex-voto remis à jour a ouvert de nouvelles perspectives d’études sur l’art religieux, et de nouveaux axes de recherche sur la personnalité énigmatique d’Yves Klein.
Cette œuvre utilise les trois couleurs fétiches de Klein : le rose, le bleu et l’or. L’ex-voto est un coffret de plexiglas divisé en trois blocs. La partie supérieure est composée de trois bacs (bleu outremer, rose et or), la partie inférieure est composée de trois ligots d’or posés sur un lit de pigment bleu tandis que la bande médiane est un texte manuscrit que je reproduit dans son intégralité et qui fait référence à des titres d’œuvres de l’artiste : « Y. K. Le bleu, l’or, le rose, l’immatériel de l’air, l’architecture de l’air, la climatisation de grands espaces géographiques pour un retour à une vie humaine dans la nature à l’état d’énigme de la légende. Les trois lingots d’or fin sont le produit de la vérité des 4 premières zones de sensibilité picturale immatérielle. »
Dans cette œuvre Yves Klein explore les thèmes artistiques qui lui sont chers comme l’esthétique de la fragmentation, la juxtaposition de texte écrit et d’images visuelles et l’évocation de formes sacrées (ici la forme du triptyque). L’utilisation de la couleur or et des lingots est un clin d’œil aux reliquaires gréco-romain (l’or précieux des reliquaires permettait de transmettre symboliquement de la richesse aux dieux). Ces lingots utilisés par l’artiste rappelle aussi son caractère subversif face à l’argent (il est connu pour avoir jeté des lingots d’or dans la Seine en 1959). En somme les couleurs et l’or utilisés par Klein sont des pars pro toto (parties pour le tout), des couleurs et objets métaphoriques, tentant de capter l’essence artistique des réalités extérieures.
Voici un extrait de la prière manuscrit de Klein à Sainte Rita qui se trouve dans l’ex-voto : « Sainte Rita de Cascia, je te demande d’intercéder auprès de Dieu le Père tout-puissant afin qu’il m’accorde la grâce d’habiter mes œuvres et qu’elles deviennent toujours plus belles, et puis aussi la grâce que je découvre toujours continuellement et régulièrement toujours de nouvelles choses dans l’art chaque fois plus belles, même si hélas je ne suis pas toujours digne d’être un outil à construire et créer de la Grande Beauté. Que tout ce qui sort de moi soit beau. Ainsi soit-il. »
N’oublions pas qu’Yves Klein était originaire de Nice et que la vénération de Sainte Rita est très importante dans cette ville. De plus le fameux bleu de Klein présent dans cet ex-voto est lié à l’idée de Méditerranée ultramarine (qui fascina Yves Klein lors d’un voyage en Italie). Pendant longtemps cet ex-voto de Klein ne fut pas compris par les sœurs augustiniennes (une sœur voulut un jour utiliser l’or de cette œuvre pour restaurer une fresque dorée endommagée par un tremblement de terre) mais aujourd’hui elles tiennent cette œuvre en haute estime. Le photographe David Bordes fit d’ailleurs une très belle photo de sœur Andreina tenant l’ex-voto d’Yves Klein en 1999 pour la série Les gardes. Il faut enfin rappeler que cette œuvre est particulière car elle fut l’une des dernières de l’artiste, mort prématurément en 1962. Le monastère de Sainte Rita fut d’ailleurs l’une de ses dernières visites.
Cet ex-voto a fait le tour du monde en étant montré dans de nombreuses expositions d’art pour finalement rentrer dans son sanctuaire ombrien. Cette œuvre était pour l’artiste à la fois une reconnaissance de Sainte Rita pour ses succès artistiques passés mais aussi une action de grâce pour sa réussite future (cela montre l’ambivalence d’Yves Klein, un artiste à la fois provocateur mais aussi angoissé qui demande l’intercession de la sainte). Cette œuvre enfin montre quelle fut la conception de l’art pour l’artiste : cette pièce qui participe à la fois de l’art et de la religion exprime la haute idée que Klein avait de l’art à savoir une activité dont la valeur égale au moins celle de la religion puisqu’elle est digne d’être dédiée à un être éternel. Cet ex-voto ne fut pas la seule œuvre offerte au monastère par Yves Klein : à l’automne 1958, Yves se rendit pour la seconde fois à Cascia, en compagnie de sa tante Rose, pour remercier sainte Rita d’avoir obtenu pour lui la commande de Gelsenkirchen. Il fit don d’un monochrome bleu au monastère rappelant étrangement le bleu des fresques de Giotto dont il s’inspira dans l’élaboration de son bleu.
Il faut noter que plusieurs autres artistes eurent Sainte Rita en dévotion. C’est le cas notamment de Christian Dior qui plaça certaines de ses collections sous la protection de la grande sainte.
Tony Goupil
NB : Pour les lecteurs intéressés par les liens existants entre art moderne et religion, une œuvre réalisée par Keith Haring peut être mise en parallèle avec l’Ex-voto d’Yves Klein. Il s’agit d’un triptyque réalisé en 1990 par Keith Haring pour l’église Saint Eustache (Paris). Intitulé La vie du Christ il représente la montée de Jésus aux Cieux. Tout comme Yves Klein, Keith Haring réalisa cette œuvre durant la dernière année de sa vie.
Ce dimanche 26 novembre, l’Église clôt l’année liturgique par la solennité du Christ Roi de l’univers : soleil de justice, brûlant d’amour, qui nous jugera sur nos actes d’amour. Peut-être que ces notions de roi et de royaume ne nous disent plus grand-chose aujourd’hui, c'est pourquoi ce texte de Jacques Gauthier, écrivain, conférencier théologien et habitué de retraites spirituelles nous livre un texte explicatif et lumineux à ce propos.
La parole de l'évangile est toujours brûlante d'actualité : « Le Roi dira à ceux qui sont à sa droite : “Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi.” » (Mt 25, 34-37).
La primauté de l’amour
Voilà donc le critère du jugement du roi : des actes concrets de charité et de pardon. En les faisant aux autres, c’est à Jésus Lui-même qu’on le fait. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Le mystique espagnol saint Jean de la Croix disait qu’à la fin de notre vie nous serons jugés sur l’amour.
L’Église acclame le Christ comme le roi de l’univers, mais nous peinons à le voir dans l’itinérant qui pue l’alcool, le drogué qui brûle sa vie, la prostituée qui attend l’aurore, la psychiatrisée qui délire, tous les gens qui désespèrent, jeunes et vieux. Ne sont-ils pas unis au Christ sur la croix ? Ce sont eux, les rejetés, qui nous feront entrer dans le Royaume parce que le Christ s’est identifié à eux. Ils deviennent pour nous un point de contact avec le Roi de l’univers qui a une croix pour trône et des épines pour couronne.
La gloire de Dieu
La gloire de Dieu, c’est l’être humain aimé, secouru, aidé, pardonné, comme nous le rappelle la première lecture : « La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la chercherai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces » (Ez 34, 16). Telle est la manière du Christ d’exercer sa royauté. Il est « le premier-né d’entre les morts » (Col 1, 18), qui règne sur tout l’univers. Par sa mort et sa résurrection, « Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres » (Col 1, 14). Il nous fait entrer dans le Royaume de Dieu avec tous les saints et les anges. Telle est l’espérance chrétienne.
Le bon larron, qui a confessé cette royauté du Christ, fut le premier à y entrer. Il pensait peut-être que ce serait à la fin des temps, mais pour Jésus le salut est maintenant : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (Lc 23, 43). Qu’importe où se trouve ce Paradis, l’important c’est le « avec moi ». Être avec le Christ, notre Dieu et notre roi, c’est être pardonné et sauvé, aujourd’hui.
Jacques Gauthier
{jcomments on}
Lâcher prise, combattre l’inquiétude et les angoisses, c’est le désir de beaucoup d’entre nous… Il existe de nombreux exercices de relaxation et de développement personnel pour nous aider à trouver calme et apaisement. Mais savez-vous que la prière est aussi un très bon moyen de lâcher prise et d’atteindre la paix du cœur et de l’esprit ?
Voici quelques idées de prières pour tendre vers ce repos intérieur, tels que le recherchaient déjà les Pères du désert aux premiers temps du christianisme :
- La prière de Jésus est une prière courte et simple que l’on peut répéter en la calant sur notre respiration. Notre souffle prend de l’ampleur et les mots viennent nous habiter pleinement. C’est tout notre être qui entre dans la prière : corps, cœur et esprit. Cette prière peut être pratiquée partout, facilement et nous permet de nous ré-ancrer en Jésus.
- La manducation de versets bibliques est une façon de se laisser imprégner et pénétrer par la Parole de Dieu. Il s’agit de savourer chaque mot, leur rythme, leur son, les images et les sensations qu’ils font naître en nous. En choisissant des versets bibliques qui parlent d’abandon, de la confiance en Dieu, du repos qu’il nous offre, nous donnons corps à cette parole vivante.
- La contemplation nous permet également d’être davantage dans l’être que dans le faire, de stopper nos agitations pour nous tourner pleinement vers Dieu, ce qu’il nous offre à voir, à vivre. Nous offrir - et offrir au Seigneur - régulièrement quelques minutes dans sa journée pour ne rien faire d’autre qu’observer sa beauté, sa bonté, sa grandeur est profondément ressourçant.
- L’action de grâce est aussi un très bon exercice pour apaiser nos cœurs angoissés. En prenant l’habitude de remercier Dieu et en cultivant la gratitude, nous arrêtons de nous focaliser sur ce qui nous manque et voyons combien nous sommes déjà comblés.
Le Seigneur a des projets de paix, de bonheur et de joie pour nous. Laissons-nous guider par lui pour y accéder !
Alice Ollivier pour Hozana.org
Image par Jose Antonio Alba de Pixabay
{jcomments on}
Tableau de Rosa Sylvia Guibert (1951)
Eglise de l'Annonciation
Chapelle Sainte Rita, Nice
Sainte Rita, sainte des causes perdues et désespérées, vécut de 1381 à 1457.
Cinq siècles plus tard sa vie continue d’inspirer des millions de personnes à travers le monde. Une vie où se côtoient phénomènes mystiques et simplicité du quotidien, une vie chargée de grandes souffrances mais vécue dans la joie « d’aimer sans compter ».
Jeune fille Rita est déjà toute tournée vers Dieu. Mariée par obligation familiale à un homme rude, elle surmonte par sa douceur et sa patience les difficultés initiales de son mariage. Elle vit dix-huit années de bonheur avec l’homme dont elle aura deux enfants. Elle a 36 ans lorsqu’il est traîtreusement assassiné. Quelques temps plus tard, elle perd ses deux enfants.
Entrée au monastère elle s’immerge dans une intense vie de prière. Son union intime au Christ crucifié se manifeste par le stigmate de l’épine. Elle accueille tous ceux qui viennent demander son aide et sa prière.
Toute la vie de Sainte Rita respire l’amour de Dieu et la confiance totale en sa Providence.
Mourante, Rita demande à sa cousine d’aller lui cueillir une rose. Bien qu’en « plein hiver » la parente trouve la rose. Cet épisode est à l’origine de l’image où l’on voit Sainte Rita répandre des roses, symbole des grâces qu’elle obtient pour ceux et celles qui font confiance en l’intercession de « la sainte des causes désespérées et des cas impossibles. »
{jcomments off}
Le mercredi 10 mai 2023, nous rencontrons Madame Martine Binda, qui a été présidente durant une dizaine d’années de JALMALV Côte d’Azur.
Membre du conseil d’administration et chargée de la commission Deuil, elle souligne dans cette vidéo les valeurs de l’Association et décrit le rôle intime de l’accompagnement en fin de vie.
Le reportage complet est à retrouver dans la Revue Sainte Rita de septembre 2023.
Si vous souhaitez rejoindre la Fédération JALMALV : 01 45 49 63 76, ou l'antenne Alpes-Maritimes : 07 69 53 24 18.
Site internet de l'association : https://www.jalmalv-federation.fr
{jcomments on}
BIENVENUE SUR NOTRE BOUTIQUE SAINTE RITA
Tous nos prix sont indiqués TTC et frais de port compris pour la France métropolitaine, Monaco et Andorre.
Pour les autres destinations, les frais de ports sont en suppléments et sont calculés lorsque vous passez votre commande.