La vie de Sainte Rita

Tableau de Rosa Sylvia Guibert (1951)Eglise de l'AnnonciationChapelle Sainte Rita, Nice Sainte Rita, sainte des causes perdues et désespérées, vécut de 1381 à 1457. Cinq siècles plus tard sa vie continue d’inspirer des millions de personnes à travers le monde. Une vie où se côtoient phénomènes mystiques et simplicité du quotidien, une vie chargée de grandes souffrances mais vécue dans la joie « d’aimer sans compter ». Jeune fille Rita est déjà toute tournée vers Dieu. Mariée par obligation familiale à un homme rude, elle surmonte par sa douceur et sa patience les difficultés initiales de son mariage. Elle vit dix-huit années de bonheur avec l’homme dont elle aura deux enfants. Elle a 36 ans lorsqu’il est traîtreusement assassiné. Quelques temps plus tard, elle perd ses deux enfants. Entrée au monastère elle s’immerge dans une intense vie de prière. Son union intime au Christ crucifié se manifeste par le stigmate de l’épine. Elle accueille tous ceux qui viennent demander son aide et sa prière. Toute la vie de Sainte Rita respire l’amour de Dieu et la confiance totale en sa Providence. Mourante, Rita demande à sa cousine d’aller lui cueillir une rose. Bien qu’en « plein hiver » la parente trouve la rose. Cet épisode est à l’origine de l’image où l’on voit Sainte Rita répandre des roses, symbole des grâces qu’elle obtient pour ceux et celles qui font confiance en l’intercession de « la sainte des causes désespérées et des cas impossibles. »

Notre pèlerinage 2017 à Cascia

Thierry Ligeron, qui collabore à la Revue Sainte Rita, nous parle du Pèlerinage 2017. Une occasion de revivre ce moment de partage et de prière et, pourquoi pas, de participer au Pèlerinage 2018 ! Comme tous les ans, le Père Alain Vaillancourt, Oblat de la Vierge Marie, et moi-même animons un Pèlerinage en Ombrie, dans le centre de l’Italie, sur les pas de sainte Rita à Roccaporena et Cascia, de saint François à Assise et de saint Benoît à Norcia. Bien entendu, nous associons notre chauffeur, Manu, des Phocéens Cars ! Cette année, le Pèlerinage a eu lieu du lundi 17 au vendredi 21 avril pendant l’Octave de Pâques. Nos messes, nos offices et nos célébrations ont donc retenti de victorieux Alléluia ! 1 commentaire

Témoignage de Linda, lors de notre pèlerinage

Du 3 au 7 juin 2019, moi Linda employée des Œuvres de Sainte Rita de Nice, j’ai participé à ce beau pèlerinage à Cascia avec le Père Jean de Nice et le Père François de Fontenay-aux-Roses, tous deux de la Congrégation des Oblats de la Vierge Marie. Nous étions une quarantaine de personnes animées pour certains par la soif de revoir ce lieu, et pour d’autres comme moi simplement découvrir ces lieux que des Saints ont parcouru à une époque. Nous étions conduits par le traditionnel Manu, de Phocéens Voyage. Sur la route des Saints En trois journées bien remplies, nous avons visité Roccaporena, le village de Sainte Rita, Cascia, la ville où elle a vécu sa vie monastique, Assise, où reposent les corps de Saint François et Sainte Claire d’Assise, ainsi que Norcia, la ville de naissance de Saint Benoît, ville qui a souffert du tremblement de terre de 2016. Ainsi trois jours bien rythmés entre visite, célébration eucharistique, Laudes, complies, chapelets, courts enseignements, chemin de croix, etc.  Et tout cela avec des moment de fraternité et d’échange avec d’autres pèlerins : les repas évidemment, toujours excellents, les temps libres (nécessaires pour les folles du shopping comme moi), ou simplement les petits apéros en terrasse. Pour ma part, j’ai vécu en profondeur des dimensions essentielles de ma foi chrétienne grâce à ce pèlerinage à Cascia. C’était mon premier pèlerinage mais certainement pas le dernier, car cheminer sur la route des Saints est une belle façon d’allier amour des voyages et désir de vivre sa foi au quotidien. Pour finir, en partant pour ce pèlerinage, je ne connaissais qu’une personne, amie de Nice, et au retour de ce voyage, j’avais une grande famille chrétienne que je garde toujours dans mon cœur, pour qui je prie et que j’espère revoir par la grâce de Notre Seigneur.

Yves Klein et Sainte Rita

Avant d’en venir à une description de cette œuvre d’art il est nécessaire de se pencher sur la vie de son auteur pour mieux en comprendre le contexte. Yves Klein (1928-1962) est un artiste français représentant et fondateur du Nouveau Réalisme. Yves Klein est connu pour être l’artiste du bleu saturé que l’on appelle aujourd’hui l’International Klein Blue (ou IKB). Ce IKB, marque déposée Klein était pour l’artiste l’expression la plus parfaite du bleu, un bleu suprême et immatériel qui devait « envahir le monde ». Il peignit de nombreuses toiles uniquement avec cette couleur donnant l’impression de piscines bleues. Puis peu à peu l’artiste s’est mis à explorer d’autres couleurs comme le rose et l’or. Il utilisera cette trilogie de couleurs fétiches (qui étaient pour Klein une alternative aux trois couleurs dites primaires) dans ces dernières œuvres. Il fut également l’initiateur de la peinture via des modèles vivants. Il peignait des modèles et leur demandait de presser leur corps sur la toile. Cette série est connue sous le nom d’Anthropométries. Mais que peut bien être cette œuvre d’art qui de loin ressemble à une étrange palette de maquillage ? Il s’agit d’une offrande votive élaborée par Yves Klein en 1961, à la période ou l’artiste s’intéressait à l’exploration des « blocs de couleurs ». Cette œuvre fut dédiée à Sainte Rita, à qui il devait selon lui son succès à l’exposition de New York qui le fit connaître dans le monde entier. De confession catholique, Yves Klein eut en dévotion Sainte Rita, dévotion qui lui fut transmise par sa tante Rose Raymond Gasperini. Yves Klein se rendit plusieurs fois à Cascia pour prier la sainte lors de moments critiques dans sa carrière. C’est ainsi en avril 1958 qu’Yves Klein réalise son premier pèlerinage au monastère de Sainte Rita à Cascia en Italie. Yves Klein fut familiarisé à Sainte Rita par l’environnement familial, dès le plus jeune âge il fut également attiré par l’idée de l’envol, du ciel et du bleu transcendant : « En 1946, j’avais 18 ans. Ce jour-là, alors que j’étais allongé sur la plage de Nice, je me mis à éprouver de la haine pour les oiseaux qui volaient de-ci de-là dans mon beau ciel bleu sans nuage, parce qu’ils essayaient de faire des traces dans la plus belle et la plus grande de mes œuvres ». C’est donc tout naturellement qu’il se passionna pour la vie de Sainte Rita à cause de son envol de la falaise de Roccaporena. Cet ex-voto fut offert au monastère en février 1961. En effet il se rend au monastère en Ombrie avec sa femme Rotraut Uecker, et remet son ex-voto, de façon anonyme à la sœur tourière de service à la porte de clôture. Ce n’est qu’après sa mort, que l’ex-voto fut redécouvert dans les années 80. Des travaux de rénovations du monastère furent réalisés suite à un tremblement de terre et le peintre Armando Marocco, chargé de la restauration vitraux, trouva l’ex-voto. C’est ainsi qu’il fut identifié comme étant une œuvre de Klein. La redécouverte de cet ex-voto a stimulé les fans de Klein ainsi que les historiens de l’art. Cet ex-voto remis à jour a ouvert de nouvelles perspectives d’études sur l’art religieux, et de nouveaux axes de recherche sur la personnalité énigmatique d’Yves Klein. Cette œuvre utilise les trois couleurs fétiches de Klein : le rose, le bleu et l’or. L’ex-voto est un coffret de plexiglas divisé en trois blocs. La partie supérieure est composée de trois bacs (bleu outremer, rose et or), la partie inférieure est composée de trois ligots d’or posés sur un lit de pigment bleu tandis que la bande médiane est un texte manuscrit que je reproduit dans son intégralité et qui fait référence à des titres d’œuvres de l’artiste : « Y. K. Le bleu, l’or, le rose, l’immatériel de l’air, l’architecture de l’air, la climatisation de grands espaces géographiques pour un retour à une vie humaine dans la nature à l’état d’énigme de la légende. Les trois lingots d’or fin sont le produit de la vérité des 4 premières zones de sensibilité picturale immatérielle. » Dans cette œuvre Yves Klein explore les thèmes artistiques qui lui sont chers comme l’esthétique de la fragmentation, la juxtaposition de texte écrit et d’images visuelles et l’évocation de formes sacrées (ici la forme du triptyque). L’utilisation de la couleur or et des lingots est un clin d’œil aux reliquaires gréco-romain (l’or précieux des reliquaires permettait de transmettre symboliquement de la richesse aux dieux). Ces lingots utilisés par l’artiste rappelle aussi son caractère subversif face à l’argent (il est connu pour avoir jeté des lingots d’or dans la Seine en 1959). En somme les couleurs et l’or utilisés par Klein sont des pars pro toto (parties pour le tout), des couleurs et objets métaphoriques, tentant de capter l’essence artistique des réalités extérieures. Voici un extrait de la prière manuscrit de Klein à Sainte Rita qui se trouve dans l’ex-voto : « Sainte Rita de Cascia, je te demande d’intercéder auprès de Dieu le Père tout-puissant afin qu’il m’accorde la grâce d’habiter mes œuvres et qu’elles deviennent toujours plus belles, et puis aussi la grâce que je découvre toujours continuellement et régulièrement toujours de nouvelles choses dans l’art chaque fois plus belles, même si hélas je ne suis pas toujours digne d’être un outil à construire et créer de la Grande Beauté. Que tout ce qui sort de moi soit beau. Ainsi soit-il. » N’oublions pas qu’Yves Klein était originaire de Nice et que la vénération de Sainte Rita est très importante dans cette ville. De plus le fameux bleu de Klein présent dans cet ex-voto est lié à l’idée de Méditerranée ultramarine (qui fascina Yves Klein lors d’un voyage en Italie). Pendant longtemps cet ex-voto de Klein ne fut pas compris par les sœurs augustiniennes (une sœur voulut un jour utiliser l’or de cette œuvre pour restaurer une fresque dorée endommagée par un tremblement de terre) mais aujourd’hui elles tiennent cette œuvre en haute estime. Le photographe David Bordes fit d’ailleurs une très belle photo de sœur Andreina tenant l’ex-voto d’Yves Klein en 1999 pour la série Les gardes. Il faut enfin rappeler que cette œuvre est particulière car elle fut l’une des dernières de l’artiste, mort prématurément en 1962. Le monastère de Sainte Rita fut d’ailleurs l’une de ses dernières visites. Cet ex-voto a fait le tour du monde en étant montré dans de nombreuses expositions d’art pour finalement rentrer dans son sanctuaire ombrien. Cette œuvre était pour l’artiste à la fois une reconnaissance de Sainte Rita pour ses succès artistiques passés mais aussi une action de grâce pour sa réussite future (cela montre l’ambivalence d’Yves Klein, un artiste à la fois provocateur mais aussi angoissé qui demande l’intercession de la sainte). Cette œuvre enfin montre quelle fut la conception de l’art pour l’artiste : cette pièce qui participe à la fois de l’art et de la religion exprime la haute idée que Klein avait de l’art à savoir une activité dont la valeur égale au moins celle de la religion puisqu’elle est digne d’être dédiée à un être éternel. Cet ex-voto ne fut pas la seule œuvre offerte au monastère par Yves Klein : à l’automne 1958, Yves se rendit pour la seconde fois à Cascia, en compagnie de sa tante Rose, pour remercier sainte Rita d’avoir obtenu pour lui la commande de Gelsenkirchen. Il fit don d’un monochrome bleu au monastère rappelant étrangement le bleu des fresques de Giotto dont il s’inspira dans l’élaboration de son bleu. Il faut noter que plusieurs autres artistes eurent Sainte Rita en dévotion. C’est le cas notamment de Christian Dior qui plaça certaines de ses collections sous la protection de la grande sainte. Tony Goupil NB : Pour les lecteurs intéressés par les liens existants entre art moderne et religion, une œuvre réalisée par Keith Haring peut être mise en parallèle avec l’Ex-voto d’Yves Klein. Il s’agit d’un triptyque réalisé en 1990 par Keith Haring pour l’église Saint Eustache (Paris). Intitulé La vie du Christ il représente la montée de Jésus aux Cieux. Tout comme Yves Klein, Keith Haring réalisa cette œuvre durant la dernière année de sa vie.