Prière devant l'océan
La Prière de Cécile Périn devant l'océan « Accordez-moi, Seigneur, au seuil de la vieillesse »
Accordez-moi, Seigneur, au seuil de la vieillesse,
Si mes membres sont las, si mon front est pesant,
De garder des yeux clairs où l'âme transparaisse
Éblouie et limpide ainsi qu'aux premiers temps.
Que dans le vent qui brise une cime trop frêle
Je ne m'écroule pas, morne, sur l'horizon,
Au bord de l'océan comme un moulin sans ailes
Qui ne peut plus broyer les nouvelles moissons.
Que je n'apporte pas un jour à la nature,
Même s'il faut traîner sans force un corps perclus,
Devant l'aube qui naît et s'emplit de murmures,
Un esprit sans échos où rien ne vibre plus !
Ainsi soit-il.
Cécile Périn (1877-1959) – « Prière devant l'océan », Océan, Le Divan